Avion, Béton, Camion Testo

Testo Avion, Béton, Camion

Les hommes sont-ils devenus fous ?
Moi, j'pense que oui
Bien sûr que non
Soit alors ils le deviendront.

Aujourd'hui quand je me promène
Dans le jardin de ma maison,
Je n'entends même plus les oiseaux,
Je n'entends même plus le ruisseau ;
Mais j'entends les camions,
Et j'entends les avions,
Et puis d'autres camions,
J'veux pas double cloison !

Les hommes sont-ils devenus fous ?
Moi, j'pense que oui
Moi, j'pense que non
Soit alors ils le deviendront.

Je suis r'tourné dans mon village,
On dit qu'l'air natal a du bon ;
Mais, envahi par les sauvages,
On y respire plus qu'le béton ;
On s'marche sur l'bout des pieds ;
On s'marche sur les talons,
Ma pauvre Trinité,
Tu files mauvais coton !

Les hommes sont-ils devenus fous ?
Bien sûr que oui
Bien sûr que non
Soit alors ils le deviendront.

On laisse aller à la rivière
Un superbe vaccin-poison
Et les poissons, le ventre en l'air,
Figurent de sombres horizons
Ah ! les jolies poissons !
À l'oxyde de potassium,
Les chimiques moissons
De truites et de saumons !

Les hommes sont-ils devenus fous ?
Moi j'pense que oui
Mais non
Soit alors ils le deviendront.

On a noyé dans l'Atlantique,
Bien enfermé dans des caissons,
Un gaz fabuleux et toxique
Pour les futures générations ;
Ah ! Le joyeux moment !
Le délicieux moment !
Où le bel océan
Rendra son chargement !

Les hommes sont-ils devenus fous ?
Moi j'pense que oui
Bien sûr que non
Soit alors ils le deviendront.

Devant, ces après-moi l'déluge !
Ces abandons, ces démissions !
Préparons-nous, j'vous en laisse juges,
De beaux week-ends pour nos fistons :
Faudra porter lorgnons,
S'boucher les oreillons,
S'boucher les nasillons
Où choisir Charenton...

Mais sommes-nous devenus cons ?
J'espère que non mais
P't'être b'en qu'oui
Oui...
J'ai vraiment,
Vraiment très peur,
Que oui !